Vaccins et infarctus aigu du myocarde

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Une étude cas-témoin examinant une association possible entre le vaccin antigrippal et l'infarctus aigu du myocarde a été publiée récemment dans le Journal de l'Association médicale canadienne (JAMC). Les auteurs de cette étude ont examiné les données sur 78 706 patients du Royaume-Uni (16 012 cas et 62 694 témoins) âgés d'au moins 40 ans au diagnostic de leur premier infarctus aigu du myocarde.

Nita Mazurat, DDS, MSc, est professeure agrégée de dentisterie restauratrice à l'Université du Manitoba à Winnipeg. Le JADC a cherché à obtenir son point de vue à la suite de la parution de l'article du JAMC.


Commentaire du JADC

L'étude1 parue dans le JAMC visait à enquêter sur une association possible entre la vaccination antigrippale et antipneumococcique et l'infarctus aigu du myocarde (IAM). Elle a conclu que la vaccination antipneumococcique n'était pas liée à un taux réduit du premier IAM. Par contre, la vaccination antigrippale était associée à un risque réduit d'IAM chez les patients de 40 ans et plus. Le fait d'avoir reçu un vaccin contre la grippe dans l'année qui venait de s'écouler était lié à une réduction de 19 % du taux d'IAM. Si le vaccin avait été administré durant la saison grippale, il était associé à une diminution de 20 %. Enfin, une vaccination hâtive dans la saison était associée à une réduction de 21 % de l'IAM.

En posant un regard critique sur cette étude à l'aide de la boîte à outils d'évaluation critique d'une études cas-témoin (Critical Appraisal Toolkit for Case Control Studies; United Lincolnshire Hospitals, NHS, Royaume-Uni), j'ai déterminé que les résultats de l'étude étaient valides parce qu'ils répondaient à l'ensemble des 11 critères (p. ex. : Les cas ont-ils été recrutés correctement? L'exposition a-t-elle été mesurée avec précision pour minimiser les biais?). Qui plus est, les auteurs ont montré la transparence des méthodes qu'ils ont employées pour mener l'étude et présenter leurs analyses statistiques.

Les dentistes peuvent tirer 2 conclusions de cette étude. En premier lieu, les fournisseurs de soins de santé doivent continuer à inciter leurs patients ayant des facteurs de risque cardiaque à recevoir leur vaccin antigrippal tous les ans2. En second lieu, en plus de contribuer à prévenir la grippe et les infections de type grippal, la vaccination antigrippale annuelle montre aussi un lien protecteur contre l'IAM.

Les efforts de contrôle et de prévention des infections ont comme principal rôle d'inciter l'adoption de comportements de prévention, y compris la vaccination. À titre de fournisseurs de soins de santé, nous pouvons encourager nos patients à «choisir le vaccin… pas la grippe». Parmi les professionnels de la santé buccodentaire, certains se conforment à la règle de vaccination contre la grippe, d'autres y sont indifférents (ce qui fait qu'ils ne sont pas vaccinés) et d'autres encore refusent le vaccin. Souvent, ces derniers s'opposent catégoriquement à la vaccination antigrippale annuelle. Il est à espérer que les résultats publiés dans le JAMC inciteront les fournisseurs de soins de santé et les patients à reconsidérer leur décision personnelle de refuser un vaccin antigrippal annuel.

Références

  1. Siriwardena AN, Gwini SM Coupland CA. Influenza vaccination, pneumococcal vaccination and risk of acute myocardial infarction: matched case-control study. CMAJ. 2010;182(15):1617-23.
  2. Relevé des maladies transmissibles au Canada. Déclaration sur le vaccin trivalent inactivé (VTI) contre la grippe pour la saison 2010-2011. Disponible : www.phac-aspc.gc.ca/publicat/ccdr-rmtc/10vol36/acs-6/index-fra.php (accédé le 15 décembre 2010).