Une étude examine l’effet des bactéries sur les restaurations en composite

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L’une des principales raisons de remplacer une restauration en résine composite est l’apparition de caries secondaires favorisées par des bactéries acidogènes, dont Streptococcus mutans. Une étude récente1 menée par des chercheurs de l’Université de Toronto montre que cette bactérie cariogène importante produit aussi des enzymes qui hydrolysent la résine des adhésifs et des composites, ce qui pourrait expliquer le taux accru de caries secondaires autour des restaurations en résine composite.

Cette étude s’est penchée sur la capacité de la bactérie S. mutans à détériorer la résine composite et les adhésifs par l’activité estérase. Les chercheurs ont évalué le degré dégradation de la résine composite ainsi que des adhésifs à mordançage total et des adhésifs automordançants après incubation avec S. mutans. Pour ce faire, ils ont mesuré un sous-produit dérivé du Bis-GMA, le BisHPPP. Le Bis-GMA est un composé universel des résines composites et des adhésifs dentaires.

Les résultats donnent à penser que l’activité estérase de S. mutans peut dégrader les résines composites et les adhésifs. Cette dégradation s’est produite sur tous les matériaux testés dans l’étude, mais à des degrés divers. L’un des facteurs critiques pour déterminer la stabilité biochimique d’une restauration semble être la composition chimique du matériau.

Le Dr Yoav Finer, chercheur principal de cette étude et membre du Comité des affaires cliniques et scientifiques de l’ADC, précise que ces résultats pourraient expliquer l’incidence supérieure de l’échec des restaurations en résine composite par rapport aux amalgames. « Dans un espace confiné comme l’interface entre une restauration et une dent, la bactérie S. mutans produit à la fois des acides et des estérases, ce qui affecte la couche hybride, la dent et le composite et finit par compromettre l’intégrité des rebords en plus d’éventuellement écourter la longévité de la restauration. »

Selon le Dr Finer, cette étude corrobore les travaux antérieurs de son groupe sur S. mutans indiquant que la biodégradation des résines composites accroît la virulence bactérienne. « Nos études précédentes ont montré que les sous-produits de la dégradation des résines composites découlant de l’activité salivaire et estérase accroissent la capacité de S. mutans de produire des acides, de survivre dans un milieu acide et de former de la plaque dentaire », explique le Dr Finer.

Les auteurs de l’étude soulignent que les fabricants ne doivent pas seulement évaluer les propriétés mécaniques des résines composites, mais aussi leur biostabilité.

Référence

  1. Bourbia M, Ma D, Cvitkovitch DG, Santerre JP, Finer Y. Cariogenic Bacteria Degrade Dental Resin Composites and Adhesives. J Dent Res. 2013; 92(11):989-94.