La responsabilité professionnelle et clinique des dentistes

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Les Drs Sylvie-Louise Avon et Hagen Klieb ont publié de l'information utile pour les fournisseurs de soins buccodentaires dans leur récent article1 sur la biopsie des tissus mous buccaux. Toutefois, deux points soulevés à la section « Contre-indications de la biopsie » [trad.] nous préoccupent.

Les auteurs indiquent : « Il serait donc imprudent d'aller de l'avant si le clinicien n'est pas à l'aise avec la technique chirurgicale ou s'il craint que la procédure ait des résultats dévastateurs pour le patient1 » [trad.]. Bien que nous soyons d'accord avec la première partie de cet énoncé, nous sommes d'avis que la seconde pourrait être vue comme un manquement éventuel à l'éthique de la part des dentistes. Selon trois codes de déontologie d'organismes provinciaux au Canada2–4, le dentiste a d'abord et avant tout une obligation de diligence à l'égard des patients. Dans sa formulation actuelle, l'énoncé des auteurs pourrait sous-entendre qu'il est acceptable de refuser d'administrer des soins essentiels si l'on place les sentiments personnels du dentiste devant le bien-être du patient.

Nous sommes aussi préoccupés par le concept « d'autorisation du médecin traitant ». Les auteurs avancent que « il arrive qu'il faille modifier la technique normalisée de biopsie et obtenir une autorisation médicale pour des patients dont l'état médical est affaibli […]1 » [trad.]. Ils affirment aussi que « l'autorisation du médecin traitant et des analyses sérologiques de base devraient aussi être envisagées pour les patients […]1 » [trad.]. Nous croyons que ces déclarations perpétuent la fausse croyance voulant que les dentistes soient obligés d'obtenir un « laissez-passer » du médecin traitant avant de prodiguer des soins buccodentaires à un patient. Selon les auteurs de l'ouvrage Burket's Oral Medicine5, « il peut être utile d'obtenir l'avis et la recommandation d'un médecin pour prendre en charge un patient dans un cabinet dentaire, mais en définitive il incombe au fournisseur de soins buccodentaires de prodiguer des soins appropriés et en toute sécurité » [trad.]. Il revient au dentiste de poser des questions précises au médecin pour évaluer la stabilité de l'état du patient ou d'envisager d'éventuelles modifications aux soins buccodentaires en consultation avec le médecin6.

Dr Eric T. Stoopler
Dr Thomas P. Sollecito
Philadelphie, Pennsylvanie


Références

  1. Avon SL, Klieb HB. Oral soft-tissue biopsy: an overview. J Can Dent Assoc. 2012;78:c75.
  2. Manitoba Dental Association Code of Ethics. Redrafted November 2002.  Available from: http://www.manitobadentist.ca/index.cfm?tID=1069.
  3. Provincial Dental Board of Nova Scotia. Regulation No. 3 – Code of Ethics. Available from: http://www.pdbns.ca/regulationno3.aspx.
  4. Alberta Dental Association + College Code of Ethics. October 2007. Available from: http://oralhealthalberta.ca/adac-code-of-ethics/
  5. Glick M, Greenberg MS, Ship JA. Introduction to oral medicine and oral diagnosis: Evaluation of the dental patient. In: Greenberg MS, Glick M, Ship JA, editors. Burket's oral medicine. 11th ed. Hamilton: BC Decker; 2008. p. 1-16.
  6. Brown RS, Farquharson AA, Pallasch TM. Medical consultations for medically complex dental patients. J Calif Dent Assoc. 2007;35(5):343-9.



Réponse des auteurs

Les Drs Stoopler et Sollecito soulèvent des préoccupations valides qui méritent des précisions. Nous ne voulions certainement pas laisser entendre que, si l'on entrevoit des résultats dévastateurs, il est approprié de refuser ou de reporter des soins essentiels. Il est indéniable qu'il faut s'en remettre à un spécialiste quand une intervention technique dépasse son champ de compétence. De même, il faut aiguiller le patient sans délai vers un clinicien compétent si l'on perçoit des difficultés, si l'on manque d'expérience ou si l'on est incapable de prendre en charge les soins postopératoires. Cela comprend non seulement l'annonce et la discussion d'un diagnostic de cancer, mais aussi l'organisation de l'aiguillage d'un patient ainsi que les questions intérimaires liées au soulagement de la douleur et à l'alimentation.

Nous sommes entièrement d'accord avec l'extrait de Burket's Oral Medicine : « en définitive il incombe au fournisseur de soins buccodentaires de prodiguer des soins appropriés et en toute sécurité » [trad.]. Des maladies systémiques graves et non prises en charge peuvent compliquer une chirurgie et la guérison. Il est certainement sage de consulter le médecin si des questions ou des préoccupations pourraient influencer la prise en charge.

Dr Hagen B.E. Klieb
Dre Sylvie-Louise Avon

Référence

  1. Glick M, Greenberg MS, Ship JA. Introduction to oral medicine and oral diagnosis: Evaluation of the dental patient. In: Greenberg MS, Glick M, Ship JA, editors. Burket's oral medicine. 11th ed. Hamilton: BC Decker; 2008. p. 1-16.

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